La traduction devient traductologie quand le traducteur réfléchit sur sa pratique, en fait – ou tente d’en faire – le discours. Et la traductologie est nécessaire pour bien comprendre l’opération traduisante et mieux traduire. Comme dans toute œuvre humaine, il s’établit un rapport dialectique entre pratique et théorie. Tout traducteur doit être un peu traductologue, s’il veut garder suffisamment de distance par rapport à son texte. Il apprend à réfléchir, à analyser.
Flamand, J. (1983). Écrire et traduire : sur la voie de la création, Ottawa, Éditions du Vermillon, pp. 40-41
La fonction principale de la traductologie est à mon sens d’apporter une aide au traducteur quand il est en difficulté – pour ainsi dire « en panne » dans le moment de l’entre-deux – et que, du coup, il se trouve inhibé dans sa capacité à produire le texte-cible d’une traduction.
Ladmiral, J-R. (2011). Aphorismes, Collection Sources-Cibles, École de traducteurs et d’interprètes de Beyrouth, p.9
Les théories sont stimulantes, elles éclairent la pratique et notamment son historicité ; mais elles ne peuvent, ni ne veulent sans doute, fonctionner comme un mode d’emploi parce que, au bout du compte, on est toujours devant un cas de figure, une exception qui confirme la règle, un oui mais…
Kamoun, J. (2024). Dictionnaire amoureux de la traduction, Ed. Plon, p. 17
Toute science est nécessairement formée de trois choses, la série des faits qui la constituent ; les idées qui les rappellent ; les mots qui les expriment. Il en résulte qu’on ne peut perfectionner le langage sans perfectionner la science, ni la science sans le langage, et que quels que certains que fussent les faits, quelles que justes que fussent les idées qu’ils auraient fait naître, ils ne transmettraient encore que des impressions fausses, si nous n’avions pas des expressions exactes pour les rendre.
Lavoisier, A. (1789). Traité de chimie élémentaire.
À notre sens, la théorie de la traduction n’a pas tant à apporter du savoir supplémentaire qu’à fournir des concepts-clefs grâce auxquels on pourra « parler » la pratique traduisante, la verbaliser et la conceptualiser tout à la fois.
Ladmiral, J.-R. (1994). Traduire : Théorèmes pour la traduction. Gallimard, p.212
Le discours théorique de la traductologie n’apportera pas des révélations, la découverte de « nouveaux continents », mais précisément la mise en place de concepts abstraits qui soient autant de fenêtres contribuant à éclairer la pratique traduisante.
Ladmiral, J.-R. (1994). Traduire : Théorèmes pour la traduction. Gallimard, p. 212
L’utilisation d’un métalangage rigoureux et opérationnel dans les manuels comme en salle de classe est, à mes yeux, le meilleur antidote aux «méthodes» d’enseignement trop intuitives et trop impressionnistes. C’est à la fois un moyen de communication indispensable entre professeurs et étudiants et un gage d’efficacité pédagogique.
Delisle, J. (1998). Le métalangage de l’enseignement de la traduction d’après les manuels. In H. Lee-Jahnke (Éd.), Enseignement de la traduction et traduction dans l’enseignement. Les Presses de l’Université d’Ottawa.
Le danger que je vois à ne pas fonder l’enseignement de la traduction sur une terminologie rigoureuse est de verser dans l’impressionnisme. Une formation de niveau universitaire ne peut pas, à mon avis, se contenter d’explications vagues comme «pas français», «mal traduit», «imprécis » ou de commentaires tels que «Vous pouvez faire mieux» et «Réfléchissez encore».
Delisle, J. (1998). Le métalangage de l’enseignement de la traduction d’après les manuels. In H. Lee-Jahnke (Éd.), Enseignement de la traduction et traduction dans l’enseignement. Les Presses de l’Université d’Ottawa
On pourrait penser que les disciplines que sont la terminologie et la traductologie entretiennent des relations étroites. Or, il n’en est rien. Les relations entre l’une et l’autre sont totalement déséquilibrées. Elles relèvent, dans le meilleur des cas, de la relation épisodique et, dans le pire des cas, du concubinage honteux.
Gouadec, D. (2005). Terminologie, traduction et rédaction spécialisées. Langages, 157(1), 14-24. doi:doi:10.3917/lang.157.0014, p.15
Les professionnels de la communication que sont les traducteurs connaissent bien les dangers du babélisme. Ils savent pertinemment qu’une profusion de termes et une synonymie pléthorique sont des sources de confusion qui risquent de compromettre la communication. Il s’imposait donc de tenter de mettre un peu d’ordre dans la maison terminologique de la traduction.
Delisle, J., Lee-Jahnke, H., & Cormier C, M. (1999). Terminologie de la Traduction. John Benjamins Publishing Company, p.2.