Stratégie qui consiste à transférer dans le texte traduit le maximum d’éléments propres à l’environnement culturel de l’original et qui a pour effet de renforcer la visibilité du traducteur en mettant l’accent sur l’identité étrangère du texte source.

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1- Pour , le traducteur doit être conscient des enjeux (…) et se donner pour éthique le dévoilement de l’Autre dans sa pure vérité, car désormais, ce qui est en jeu, (…) c’est le rapport de la traduction et de la vérité. La traduction comme rapport fait tomber le mythe de la transparence. (…) Ainsi, tout lecteur est intimement persuadé que Les Mille et une nuits d’Antoine Galland sont le double exact du texte arabe. Le mythe se confond avec la réalité.

2- Les termes qui servent à désigner cette stratégie varient d’une langue à une autre et selon les auteurs. L’«étrangéisation» (foreignization) de Venuti est, pour Henri Meschonnic ou Antoine Berman, le décentrement, le dépaysement ou la traduction «éthique» ; pour Jean-René Ladmiral, la stratégie sourcière ; et pour Schleiermacher, la stratégie qui permet de conduire le lecteur vers l’auteur, en inquiétant le moins possible ce dernier. Dans la littérature traductologique en français, c’est le terme «exotisation» qui est le plus souvent utilisé. Cependant, quand la notion est étudiée dans l’optique de Venuti, il est possible d’opter pour «étrangéisation» en suivant l’exemple des traducteurs (Marie Charbonneau & Simon Labrecque) de l’article qui justifient leur choix en considérant qu’ «étrangéisation» est un néologisme moins conventionnel mais clairement basé sur «étranger» et l’un des avantages du terme choisi, contrairement au terme «sourcier», et autres, est qu’il peut aisément devenir, par exemple, un verbe : «étrangéiser»). 

3- D’après , c’est «en réaction aux termes d’«acclimatation» et d’«acculturation» proposés par les théories éthnocentristes de la traduction qui supposent nécessairement un rapport de dominance d’une langue à l’autre, [que] Berman propose le terme de «métissage», qui rend mieux compte de la violence contenue dans la traduction mais aussi de son profond égalitarisme vis-à-vis de la langue traduite et la langue traduisante». En effet, selon Berman, l’obstacle majeur à la bonne traduction est l’ethnocentrisme qui conduirait un traducteur à sacraliser sa propre langue aux dépens de la langue de l’autre. Ce qui définirait la bonne traduction, pour lui, c’est le respect de l’étrangeté de l’œuvre étrangère car pour « l’essence de la traduction est d’être ouverture, dialogue, métissage, décentrement. Elle est mise en rapport, ou elle n’est rien ». 

Strategy where the translator leaves the writer alone as much as possible and moves the reader towards the writer. It entails choosing a foreign text and developing a translation method along lines which are excluded by dominant cultural values in the target language. It seeks to ‘send the reader abroad’ by making the receiving culture aware of the linguistic and cultural difference inherent in the foreign text. This is to be achieved by a non-fluent estranging or heterogeneous translation style designed to make visible the presence of the translator and to highlight the foreign identity of the ST. 

Foreignization is a pivotal concept in Venuti’s theory in that it establishes a direct link between visibility and ethics. A good translator, for Venuti, must strive to make himself visible within the translated text in order to raise awareness that the text created is not an original. The main contribution of the foreignizing approach to translation studies lies precisely in this promise to generate and secure an ethical translation practice. […] With this concept, Venuti’s objective is to challenge domesticating practices that prioritise fluency and transparency, in order ultimately to enrich the translating culture and submit it to self-critical interrogation. 

1- The terms “domestication” and “foreignization” indicate fundamentally ethical attitudes towards foreign text and culture, ethical effects produced by the strategy devised to translate it, whereas terms like “fluency” and “resistancy” indicate fundamentally discursive features of translation strategies in relation to the reader’s cognitive processing. (Venuti 2008: 19). This relationship, operating on different levels, might be depicted as follows: 

2- Anglo-American culture […] has long been dominated by domesticating theories that recommend fluent translating. By producing the illusion of transparency, a fluent translation masquerades as true semantic equivalence when it in fact inscribes the foreign text with a partial interpretation, partial to English-language values, reducing if not simply excluding the very difference that translation is called on to convey. This ethnocentric violence is evident in the translation theories put forth by the prolific and influential Eugene Nida, translation consultant to the American Bible Society: here transparency is enlisted in the service of Christian humanism.

3- Foreignizing translation is based on the assumption that literacy is not universal, that communication is complicated by cultural differences between and within linguistic communities. But foreignizing is also an attempt to recognize and allow those differences to shape cultural discourses in the target language. 

4- Venuti in his 1998 book [The Scandals of Translation : Towards an Ethics of Difference] no longer talked about foreignizing, but about minoritizing and resistant translation. This new term emphasizes even more clearly the role of the Venutian translator in resisting the dominant cultural model. This ethico-aesthetic task is, importantly, called for by the domestic cultural context, and it serves the domestic needs (as seen by Venuti/the translator).

5- Lawrence Venuti has taken up Friederich Schleiermacher’s concepts of naturalization and alienation and renamed them as domestication and foreignisation.