Caractéristique qui se manifeste à trois niveaux : 

1) au niveau du traducteur en tant que coproducteur d’un texte puisqu’elle est imposée par les pratiques en vigueur dans la commercialisation, la lecture et la critique des traductions, et encouragée par le statut juridique ambigu de la traduction et des traducteurs ;

2) au niveau de l’activité du traducteur à l’intérieur du texte de la traduction elle-même, tendant à être écrite en conformité avec l’idée dominante de « fluidité », par laquelle le traducteur, dans un certain sens, participe à son propre effacement ;  

3) au niveau de la traduction comme pratique culturelle.

1- La notion d’invisibilité – et, par extension et implication, son contraire, la visibilité – s’est présentée pour la première fois en traductologie dans le livre de Lawrence Venuti, The Translator’s Invisibility: A History of Translation (1995), un véritable pavé jeté dans la mare de la discipline. 

2- Venuti lie l’invisibilité aux stratégies de « domestication«  de la traduction qui obscurcissent à la fois le travail de la traduction et le caractère étranger du texte original.

3- Venuti veut montrer que tout au long de l’histoire des traductions en langue anglaise, le but recherché a été le plus souvent de créer un texte parfaitement lisible par le lecteur, c’est-à-dire écrit dans une langue fluide ou courante. Cette stratégie de fluency crée une « illusion de transparence » qui oblitère complètement les aspérités présentes dans le texte original ainsi que la médiation par laquelle ce dernier est arrivé à son lecteur, en passant par le traducteur et par la langue traduisante. Venuti juge sévèrement cette vision dominante de la traduction, qui a selon lui pour conséquence d’invisibiliser et de précariser toute une profession, ainsi que de perpétuer une domination impérialiste sur les cultures étrangères, dont les traductions en langue anglaise répondent à un processus d’appropriation.

A feature that occurs at three levels: 

(1) that of the translator as a co-producer of a text, enforced by the prevailing practices of marketing, reading and evaluating translations, and encouraged by the ambiguous legal status of translation and of translators;

(2) that of the translator’s activity within the text of the translation itself, which tends to be written in accordance with prevailing notions of “fluency,” by which the translator in some sense partakes in his or her own self-effacement; and 

(3) that of translation as a cultural practice.

Invisibility is the term I will use to describe the translator’s situation and activity in contemporary British and American cultures. […] A translated text, whether prose or poetry, fiction or nonfiction, is judged acceptable by most publishers, reviewers and readers when it reads fluently, when the absence of any linguistic or stylistic peculiarities makes it seem transparent, giving the appearance that it reflects the foreign writer’s personality or intention or the essential meaning of the foreign text – the appearance, in other words, that the translation is not in fact a translation, but the ‘original’. The illusion of transparency is an effect of a fluent translation strategy, of the translator’s effort to insure easy readability by adhering to current usage, maintaining continuous syntax, fixing a precise meaning. 

1- The notion of invisibility – and, by extension and implication, its opposite, visibility – was introduced into the field of Translation Studies by Lawrence Venuti’s forceful, even polemical monograph The Translator’s Invisibility: A History of Translation (1995).

2 – Venuti links invisibility to “domesticating” strategies of translation that obscure the work of translation as well as the foreignness of the original text.

3- The more fluent the translation, the more invisible the translator, and, presumably, the more visible the writer or meaning of the foreign text.