Stratégie qui consiste à intégrer dans la traduction des valeurs éthiques et des concepts sociopolitiques de la culture cible. L’original est reconstitué à travers le prisme de l’environnement culturel du traducteur, et les éléments propres à la culture source se trouvent par conséquent presque entièrement éliminés. La traduction se lit ainsi comme un original, le traducteur devenant «invisible».

1- Ce mode de traduction que Ladmiral qualifierait de cibliste («domesticating» dans la terminologie de Venuti) et qui prévaut dans l’espace anglo-saxon a des conséquences non-négligeables, dont celle de produire l’illusion d’un texte dont l’original a pratiquement disparu (les critiques d’œuvres en langue anglaise traduite parlant le plus souvent du texte comme s’il s’agissait de celui de l’auteur), mais aussi d’annexer le texte – et donc la culture – original-e à la culture dominante.

2- Les termes qui servent à désigner cette stratégie varient d’une langue à une autre et selon les auteurs. La «domestication» (domesticating) de Venuti est, pour Henri Meschonnic ou Antoine Berman, l’ethnocentrisme, l’annexionnisme ou la naturalisation ; pour Jean-René Ladmiral, la stratégie cibliste ; et pour Schleiermacher, la stratégie qui conduit l’auteur jusqu’au lecteur (comme si l’original avait été écrit dans la langue du lecteur). Dans la littérature traductologique en français, c’est le terme «naturalisation» qui est le plus souvent utilisé. Cependant, quand la notion est étudiée dans l’optique de Venuti, il est possible d’opter pour «domestication» en suivant l’exemple des traducteurs (Marie Charbonneau & Simon Labrecque) de la version francaise en ligne de l’article qui justifient leur choix ainsi : «Si le mot «domestication» existe déjà en français, pour désigner, comme en anglais par ailleurs, ce qui se rapporte à la maison ou au foyer, le sens anglais concernant l’État ou la nation est moins présent, mais tout à fait légitime puisque domus signifie originairement, en latin, le lieu de la maîtrise (dominatio) par le maître (dominus), ce qui s’entend toujours aujourd’hui par exemple avec le mot «domestique», celui ou celle qui est au service d’un maître». Par ailleurs, l’un des avantages du terme choisi, contrairement au terme «cibliste», et autres, est qu’il peut aisément devenir, par exemple, un verbe : «domestiquer»). 

3- D’après , c’est «en réaction aux termes d’«acclimatation» et d’«acculturation» proposés par les théories éthnocentristes de la traduction qui supposent nécessairement un rapport de dominance d’une langue à l’autre, [que] Berman propose le terme de «métissage», qui rend mieux compte de la violence contenue dans la traduction mais aussi de son profond égalitarisme vis-à-vis de la langue traduite et la langue traduisante. » En effet, selon Berman, l’obstacle majeur à la bonne traduction est l’ethnocentrisme qui conduirait un traducteur à sacraliser sa propre langue aux dépens de la langue de l’autre. Ce qui définirait la bonne traduction, pour lui, c’est le respect de l’étrangeté de l’œuvre étrangère car pour «l’essence de la traduction est d’être ouverture, dialogue, métissage, décentrement. Elle est mise en rapport, ou elle n’est rien ». 

[Strategy] in which the foreign text is imprinted with values specific to the target-language culture. It involves an adherence to domestic literary canons both in choosing a foreign text and in developing a translation method. It entails translating in a transparent, fluent, invisible style in order to minimize the foreignness of the TT. 

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1- Schleiermacher allowed the translator to choose between a domesticating method, an ethnocentric reduction of the foreign text to target-language cultural values, bringing the author back home, and a foreignizing method, an ethno-deviant pressure on those values to register the linguistic and cultural difference of the foreign text, sending the reader abroad. 

2- Domestication need not mean assimilation, i.e., a conservative reduction of the foreign text to dominant domestic values. It can also mean resistance, through a recovery of the residual or an affiliation with the emergent or the dominated—choosing to translate a foreign text, for instance, that is excluded by prevalent English-language translation methods or by the current canon of foreign literature in English and thus forcing a methodological revision and a canon reformation.

3- The terms “domestication” and “foreignization” indicate fundamentally ethical attitudes towards foreign text and culture, ethical effects produced by the strategy devised to translate it, whereas terms like “fluency” and “resistancy” indicate fundamentally discursive features of translation strategies in relation to the reader’s cognitive processing. (Venuti 2008: 19). This relationship, operating on different levels, might be depicted as follows: 

4- Lawrence Venuti has taken up Friederich Schleiermacher’s concepts of naturalization and alienation and renamed them as domestication and foreignisation.