Discipline et art de l’interprétation qui permet, par une réflexion méthodique et contrôlée, d’aborder le problème de la compréhension essentiellement à partir du phénomène de la mécompréhension venant de l’éloignement dans le temps, du changement des habitudes linguistiques, des transformations dans le sens des mots et dans les modes de pensée.

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Le texte en tant qu’écriture, appellant la lecture et donc l’acte d’interprétation, constitue la dimension essentielle de l’herméneutique et le point de rencontre de la réflexion herméneutique et de la traductologie. 

1- Le mot grec Herméneia renvoie au dieu Hermès, le messager qui apporte aux mortels les ordres des dieux. Ce faisant, il transfère un complexe de significations liées au divin en un langage et une intelligibilité accessibles aux hommes. Comme le souligneront les deux maîtres de l’herméneutique contemporaine, Heidegger et Gadamer, il faut garder à l’esprit cette origine sacrale du terme lorsque nous rendons le sens d’herméneuein inhérent à l’activité d’herméneia : « signifier en parlant » (Aristote), manifester par le moyen du langage le logos intérieur (Philon d’Alexandrie) et, ultérieurement, traduire en langage clair le sens exprimé par une formule obscure (les Pères de l’Eglise). La traduction latine, interpretatio,  en soulignant le rôle d’« entremise » de l’interprétation, tend à oblitérer le sens originel de circulation du sens, pourtant inséparable du rôle de « médiateur » attribué à Hermès. 

2- En traductologie, la notion  » cercle herméneutique  » décrit le mouvement de va-et-vient qu’opère le lecteur entre les différentes parties du texte et le tout, afin de corriger et d’affiner progressivement sa compréhension. 

3- Dans l’optique herméneutique de la traduction, le traducteur alterne entre les perspectives microtextuelle et macrotextuelle, pour approfondir sa compréhension du texte, tout en déployant ses ressources cognitives et créatives (ou émotionnelles), qui interagissent entre elles pour l’amener à une interprétation. Ce processus reste à l’œuvre pendant l’écriture du texte cible et durant la phase d’auto-révision. Il ne prend fin qu’au terme de l’exercice de traduction – et le texte cible peut être considéré comme le reflet de la compréhension du traducteur, filtrée par les possibilités que lui offre la langue cible et par les compétences qu’il possède dans celle-ci. 

4- Les risques du mouvement herméneutique propre à la pratique de la traduction sont évoqués par George Steiner dans . Steiner y décrit les quatre étapes qui jalonnent ce mouvement herméneutique : premièrement « un élan de confiance où tout se déclenche, une profession de foi » envers l’original, deuxièmement «l’agression-pénétration » dans laquelle « le traducteur aborde une étape d’incursion et d’extraction ». Troisièmement, « incorporation au sens fort du terme » puisque «l’importation d’une signification et d’une forme, le passage au concret ne se font pas dans le vide » […] Enfin, « le parcours herméneutique est dangereusement incomplet, et dangereux parce qu’incomplet tant que lui manque la quatrième étape […] qui complète le cycle. […] ». Appelée «restitution», cette «mise en œuvre d’une réciprocité qui recrée l’équilibre est au cœur de la technique et de l’éthique de la traduction». Ce rétablissement de l’équilibre entre le texte original et sa traduction (en élevant la traduction au même niveau que l’original en ceci qu’elle admet son imperfection et accepte de servir l’autre), un équilibre que la traduction elle-même rend vulnérable, pose des questions éthiques d’une extrême complexité. 

Discipline concerned with understanding and explicating what is not immediately intelligible and with the specific understanding that a translator, as an outsider, has reached in engaging with an author writing in a different tongue that exhibits a different lifeworld and is being handled in a uniquely individual manner. 

Hermeneutics […] has often been described as a theory of comprehension. However, it does not explain “how we understand”, or “what we understand”, it rather tackles the question of “whether we can understand at all”. Hermeneutics is asking about the conditions of understanding, and the personal act of comprehension, then, is seen as an event that happens (or not). The point of departure in the hermeneutical philosophy is the individual as a historical and social person who wants to orient him/herself in the surrounding world, understand others, and act in the society. This is relevant for translation.

1- As an interpretive practice, translation is framed by hermeneutic concerns. For Schleiermacher’s, translation is informed by interpretation, as the translator must seek to articulate by means of his own language, and in mimetic form, the specific understanding that he, as an outsider, has reached in engaging with an author writing in a different tongue that exhibits a different lifeworld and is being handled in a uniquely individual manner. As for Hans-Georg Gadamer, translation illuminates the hermeneutic endeavour, since from the structure of translation [is] indicated the general problem of making what is alien our own’. Gadamer stresses that translation cannot be a reproduction of an original, it can only be an interpretation reflecting both empathy and distance.

2- Outside the German speaking world, the hermeneutical approach is mainly represented by George Steiner. He uses, [in After Babel. Aspects of Language and Translation], a very metaphorical language in describing the “hermeneutic motion” when a translator with an “initiative trust” in the meaningfulness of a text “as a yet untried, unmapped alterity of statement” comes to a “manoeuvre of comprehension explicitly invasive and exhaustive leaving the shell smashed”. The sense, in comprehension, is incorporated “in a complete domestication” and “abducted into another language”.